Le saviez vous ? Pendant plus de 350 ans, des auvergnats, et en réalité, essentiellement des cantalous, ont émigré en Bretagne, dans le Finistère, et plus particulièrement dans le secteur de Quimper, Concarneau et Pont l’Abbé.
Trois siècles durant, ces cantalous, dont certains bien de chez nous car de Roumégoux, ont fait le voyage à pied ou à cheval, mais pas en voiture, et pour un parcours d’environ 700 kms.Ils partaient pour exercer leurs talents de chaudronniers ambulants, de marchands de toiles ou de parapluies, et de sabotiers, dès lors que leur pays ne pouvait suffire à nourrir tout le monde. Au XVIII ème siècle, un millier de ces cantalous vivaient autour de Quimper.
Suzanne Cardaliaguet, fille du sabotier Guillaume, se marie à Pont l’Abbé avec Pierre Benech, natif de Sansac de Marmiesse . Par contre, son père et ses oncles avaient pris femme sur place ; de même que les frères François et Hilaire Capmau, roumégaïres mais mariés avec des demoiselles de Quimper ; et enfin Adrien Veyers, toujours un roumégaïre, marié à Ploaré, avec Jeanne Gueguen.
Comme chacun sait, il ne faut pas avoir les 2 pieds dans le même sabot et nos sabotiers évoluent vers « l’aristocratie des marchands de draps ». Et les voilà négociants d’étoffes et de tissus, comme les velours bleus, les frisons, les taffetas noirs, les siamoises, les draps de Vire, etc.. Cette réussite se traduit aussi par une activité de prêteur d’argent ainsi que par les longues études qu’ils peuvent offrir à leurs enfants .Trois ans durant on trouve des fils Cardaliaguet, Lacarrière ou Roumégou à l’école des Arts et Métiers d’Angers. Le petit fils de René Cardaliaguet, le sabotier de Roumégoux, également appelé René, devient entrepreneur de serrurerie et vendeur de machines agricoles, 8 rue royale à Quimper, à la fin du XIX ème. Puis, l’arrière petit fils, appelé… René ! , devient lui Chanoine à Quimper. La généalogie ne nous livre pas le prénom de l’arrière arrière petit fils… ! Au cimetière de Pont l’Abbé on peut voir les tombes des 3 frères Cardaliaguet et de bien d’autres, comme Achille Lacarriere.
Voilà en quelques lignes, l’histoire d’une époque de notre commune, d’un temps où les natifs n’hésitaient pas à s’exiler pour vivre et réussir, à accepter les mélanges des cultures, tout comme l’ont fait 4 siècles durant, les émigrés en Espagne, souvent des boulangers, mais cela est une autre histoire ….( voir bulletin numéro 2 et plus si affinités… !)
Pour certains, la « campagne » ne durait que quelques mois, 18 très souvent ; mais pour d’autres, en association avec des membres de la famille, frères, parents, « pays », ce n’était pas un au revoir, mais plutôt un adieu.
D’ailleurs avant le départ, les dispositions étaient prises, avec la signature des procurations (et pas que pour voter !) et du testament, au cas où…En effet, le voyage n’était pas toujours de tout repos, l’accueil des pays traversés pas toujours hospitalier, et les difficultés de se nourrir, de se soigner en terrassaient plus d’un. Ainsi, Jean Cardaliaguet, né à Roumégoux en 1764 (un de mes ancêtres maternels) est décédé de maladie à Quimper en 1786, à l’âge de 20 ans , juste avant la Révolution..
Roumégoux a d’ailleurs beaucoup donné dans cette émigration et la famille Cardaliaguet en particulier. C’est ainsi que 3 frères, René, Antoine et Guillaume se sont installés dans les dépendances d’un manoir prés de Quimper, à la Coudraie en Tréméoc. Sabotiers, ils exploitent les hêtres, les frênes, les noyers, et les bouleaux des bois seigneuriaux par eux acquis. Cette activité les sédentarise et les amène à se marier soit avec des filles du pays pour renforcer leur implantation, soit avec des filles de leur pays, pour renforcer le clanisme auquel le monde rural a été très attaché, et de tout temps.
NDLR : les informations données ici proviennent des recherches de M. Serge DUIGOU et peuvent être approfondies en lisant son ouvrage intitulé « Nos ancêtres auvergnats : l’immigration auvergnate en Bretagne » aux éditions Ressac à Quimper.